La Conspiration de Robert Redford sorti chez CTV International le 24 novembre

3 décembre 2011

La Conspiration de Robert Redford sorti chez CTV International le 24 novembre

Film de Robert Redford réalisé en 2010 et présenté au Festival du cinéma américain de Deauville cette année, La Conspiration n’aura pas connu de sortie sur grand écran en France. Pourtant il l’aurait mérité tant la reconstitution des décors de l’époque est splendide, le casting est crédible et le scénario (inspiré librement d’un fait réel) est réussi.

Le contexte de la fin de la guerre de sécession et l’assassinat du président Lincoln sont très vite installés ainsi que les enjeux qui entourent le procès. On ressent très bien la volonté des américains d’en finir avec cette période sanglante de leur histoire quitte à ouvrir un procès monté de toutes pièces.

Le film prend partie pour Mary Surratt, une femme accusée de conspiration dans les meurtres de Lincoln et de ses collaborateurs. Comme on le découvre dans le documentaire (en bonus sur le dvd) très intéressant et incontournable pour resituer le contexte historique, l’innocence de Mary Surratt divise les historiens. Plusieurs d’entre eux sont convaincus de sa culpabilité et le film a laissé un goût amer lors de sa sortie aux Etats-Unis. De plus Redford a choisi de ne pas développer le contexte de l’abolition de l’esclavage.

Je pense qu’il faut prendre ce film comme une vision romancée de ce qui a pu se passer. Le documentaire aide d’ailleurs à se décaler du côté affectif développé dans le film. Robert Redford, égal à lui-même, dénonce la raison d’état aux dépens d’un procès équitable. D’ailleurs, c’est ce point qui choque le plus dans le film. Il est vrai qu’il prend partie pour Mary Surratt mais laisse planer tout de même des zones d’ombre. On peut presque dire que le titre du film est plus à attribuer à Mary Surratt et ce qui est mis en place pour la condamner qu’à l’attenta contre Abraham Lincoln.

L’évolution des personnages est intéressante, James Mcavoy interprète à merveille cet ancien militaire nordiste partagé au début entre sa soif de vengeance et la défense d’une accusée que tout accable. Frederick Aiken défend, au-delà de Mary Surratt, la Constitution américaine. Il veut la justice et se pose en dénonciateur. Il connaîtra par la suite un parcours exceptionnel.

Robin Wright habite son rôle d’accusée avec passion, parfois dans l’excès lorsqu’elle est à l’écran avec Eva Rachel Wood, qui joue le rôle de sa fille. Ces séquences accablent un peu trop les Nordistes, montrés sans cœur, alors que certains éléments du contexte historique ont été omis.

On retrouve avec plaisir Kevin Kline et Tom Wilkinson dont le visage se prête parfaitement aux films de cette époque.

On pourra aussi apprécier le montage avec des scènes en flash back permettant de resituer les différents témoignages.

Le film peut faire aussi écho aux événements du 11 septembre, la Conspiration apparaissant comme une dénonciation des conséquences désastreuses de la vengeance.

Les bonus sont donc indispensables pour ceux qui veulent replacer le contexte historique avec plus de précisions. Le documentaire d’une heure avec la participation d’historiens, illustré de photos et gravures permet de se décaler de l’aspect romancé du film en (re)découvrant le mobile du meurtre et en prenant du recul sur le personnage de Mary Surratt dont l’implication divise encore aujourd’hui. Cela permet de revenir sur une période charnière des Etas-Unis pour peut-être mieux comprendre son présent.

Un making of très concis de 10 minutes s’y ajoute avec l’intervention de Robert Redford et des acteurs du film mais aussi de la décoratrice qui parle de son travail minutieux autour de la reconstitution de l’époque.

Un film très intéressant qui ouvre le débat mais qui ne saurait trouver de position définitive sans le visionnage des bonus proposés sur le dvd.

Emmanuel Derouet

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